ADSL à Vatilieu
Le soleil n'oublie jamais un village, même s'il est petit (proverbe Africain)

29 novembre 2006

L'Etat s'engage enfin dans le très haut débit... sans investir

Retour à l'accueil ----- Sommaire ----- >>Article suivant

Lu dans Le Monde du 29 novembre 2006:

Voyons celles de Monsieur Vallini

François Loos, le ministre délégué à l'industrie, a donné, lundi 27 novembre, un coup d'envoi "officiel" au très haut débit (THD) en France. Un "forum" dédié et quinze mesures phares en faveur du THD devraient permettre, selon le ministre, d'atteindre les quatre millions d'abonnés à l'horizon 2012.

Ces
quinze mesures incitatives devront tout à la fois permettre de réduire les coûts de déploiement, de soutenir l'action des collectivités locales, mais aussi de renforcer la recherche et le développement en matière de THD. Le forum du très haut débit servira quant à lui de plate-forme d'échanges, de force de proposition, mais aussi d'observatoire du déploiement de ces réseaux. Les principaux opérateurs publics ou privés du marché, les équipementiers, ainsi que des collectivités locales ou des instances nationales comme l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) en feront partie. L'Arcep et la DGE (Direction générale des entreprises) piloteront par ailleurs bon nombre de ces mesures.

L'Etat, par la voix de François Loos, s'est donc décidé à se saisir du dossier, après les nombreux appels et recommandations des opérateurs privés et de l'Arcep, tous en attente d'une régulation du marché. Le ministre, qui entend par ces mesures donner"une impulsion (...) afin que la France puisse bénéficier au maximum des retombées industrielles et socio-économiques de cette technologie", répond donc en partie aux appels lancés lors des colloques et des forums THD de ces derniers mois, notamment en reprenant les idées émises par l'Arcep. Mais il ne donne toujours pas de clés légales quant à la mutualisation ou la réutilisation des équipements réseaux, comme les fourreaux, pour éviter les coûteux travaux de génie civil. Il propose tout de même de lancer prochainement des études (aux 1er et 2e trimestre 2007) sur ces recyclages de réseaux existants, tout en indiquant que la régulation ne devra plus se faire au plan national, mais au niveau local, en tenant compte "de la présence ou non d'infrastructures alternatives et de l'objectif d'aménagement du territoire".

ET EN PROVINCE ?

Les acteurs du marché, excepté Neuf et Noos dont les annonces sont prévues dans les prochaines semaines, n'ont pas attendu ce réveil tardif des autorités pour entamer une guerre de position, avec rachats, annonces et lancements d'offres à la clé. Cependant, les questions de mutualisation des réseaux et les comparaisons des choix techniques (FTTH, FTTB ou GPON) de chacun sont toujours d'actualité. Seule certitude pour tous, l'investissement global, jugé, selon l'ensemble des spécialistes du secteur, colossal : il est en effet estimé à plusieurs dizaines de milliards d'euros pour les prochaines années.

L'objectif des pouvoirs publics avec ce forum est donc de forcer les acteurs du secteur à se parler et à travailler de concert afin de réduire les coûts, mais aussi la fracture numérique en soutenant les collectivités locales : les principaux opérateurs ne parlent actuellement que d'un déploiement à Paris et en proche banlieue. Seul Orange, avec son offre pilote THD déjà déployée en région parisienne, a d'ores et déjà annoncé vouloir étendre son offre test à quelques grandes agglomérations de province comme Nantes, mais en la limitant à un millier de prises par ville. Le gouvernement s'est donc engagé à "soutenir l'action des collectivités territoriales". Mais pour l'instant, aucune annonce d'envergure n'a été faite concernant les grandes agglomérations de province. Par ailleurs, des mesures en faveur des entreprises, dans le cadre d'un label "Zones d'activité très haut débit", et la mise en place d'un label "logement multimédia" pour les logements neufs et le pré-câblage systématique des bureaux neufs ont été évoqués par le ministre.


Ce plan d'action, qui fait la part belle aux études et incitations au dialogue entre acteurs du marché, ne fait mention d'aucun financement particulier en faveur du très haut débit, excepté l'utilisation souhaitée des fonds structurels européens : selon Bercy, cette intervention des pouvoirs publics "ne pourra se substituer aux investissements des acteurs économiques". Reste à savoir si ces mesures seront suffisantes à convaincre les investisseurs de travailler en bonne intelligence alors que des milliards seront en jeu et que l'avenir du pays pourrait se jouer sur la qualité de ses réseaux.

Olivier Dumons


On notera cependant l'absence totale d'engagement sur la situation des zones rurales sous-équipées en NRA ou trop éloignées. Encore une fois, le haut débit n'est pas considéré comme un service universel, et reste donc réservé aux zones "rentables". Mais qui va enfin sonner le glas?



Retour à l'accueil ----- Sommaire ----- >>Article suivant